Anatomie des âmes en peine by Daniel Pasquereau

Anatomie des âmes en peine by Daniel Pasquereau

Auteur:Daniel Pasquereau [Pasquereau, Daniel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman, destins, Élections, Fascisme, guerre, gitans, survivre
Éditeur: Zinedi
Publié: 2022-05-11T22:00:00+00:00


5 – Le plus beau jour de sa vie

Quand elle appuya sur la minuterie, elle vit tout de suite que Salitha était passée. Comme d’habitude, la gamine avait scotché un cœur en papier sur sa boîte aux lettres. Elle le décolla avec soin et, une fois dans l’appartement, elle plaça son petit cadeau du jour avec les autres, dans la pochette qui leur était réservée. Il y en avait treize maintenant, uniquement des cœurs découpés dans du papier d’emballage et coloriés à gros traits.

Salitha appartenait à la communauté Dzilim. Une douzaine de familles vivaient dans un bidonville en aval du fleuve, dans le prolongement des hangars de fret de l’aéroport. Cela représentait près de cinquante personnes en comptant les vieillards et les enfants.

On voyait peu les adultes, mais des grappes de gosses investissaient les quartiers de la ville dès l’aube et couraient à travers les rues jusque tard dans la nuit. Ils mendiaient devant les édifices publics, les banques, les commerces, dans les parcs et dans les transports en commun. Leurs parents vivaient d’on ne savait exactement quoi. Récupération des déchets urbains, sans doute, mais aussi de rapines et de trafics divers.

Depuis sa plus tendre enfance, Alma avait appris à se méfier des Dzilim. Avec leurs vêtements mal assortis et souvent élimés, déchirés, ils avaient l’air sales. Ils parlaient fort, dans une langue qu’on ne comprenait pas, avaient souvent des gestes déplacés, parfois des comportements agressifs. Et surtout, ils semblaient se moquer de tout, de la vie comme de la mort. Personne n’était capable de dire d’où ils venaient ni où ils allaient. Ils se déplaçaient à travers le pays en petites tribus éparpillées qui se croisaient parfois sur les routes. Quand ils se fixaient, c’était toujours dans des endroits improbables aux confins des villes. De temps en temps, sans qu’on sache pourquoi, ils disparaissaient en une nuit pour une durée de plusieurs mois. On détruisait leur camp, mais un beau matin ils refaisaient surface, rebâtissaient leurs cahutes, et les enfants recommençaient à sillonner les rues. Depuis toujours, les Dzilim généraient de la peur, même chez les citoyens les plus ouverts comme les parents d’Alma, des enseignants aux idées pourtant très libérales. Pour tout ce qu’ils véhiculaient de trouble et de mystère, on les craignait et cette impossibilité à les cerner se transformait très vite en haine.

Cependant, il avait suffi d’un fruit qu’Alma avait offert du bout des doigts et à contrecœur à la petite mendiante en rentrant du marché pour qu’une relation particulière s’installât entre elles. Au début, la fillette la suivait de loin en se cachant. Aujourd’hui, dès qu’elle apercevait Alma dans la rue, elle ne se contentait plus de l’aborder dans l’espoir d’une pièce ou de quelque chose à manger ; elle s’enhardissait jusqu’à sa porte et ne s’en allait jamais sans lui avoir fait un signe de la main ou fredonné une chanson. Depuis quelque temps, elle avait pris l’habitude de coller des cœurs en papier sur sa boîte aux lettres.

Salitha était une enfant fluette, dont



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